Mariage entre femmes en Afrique de l’Ouest : une tradition en voie de disparition?

Le mariage entre femmes en Afrique de l’Ouest : une tradition de pouvoir et d’agentivité en voie de disparition?

Le mariage entre femmes, pratiqué dans certaines communautés d’Afrique de l’Ouest, soulève de nombreuses questions et interprétations. Considéré comme une tradition en voie de disparition, il offre une perspective unique sur les structures familiales, les rôles de genre et les notions d’agentivité féminine. Loin d’être une simple copie du mariage hétérosexuel, cette union possède des caractéristiques et implications distinctes qui méritent d’être examinées.

# Origine et pratique

Le mariage entre femmes, également connu sous le nom de « mariage par échange » ou « mariage de femmes », se rencontre principalement chez les groupes Akan et Yoruba au Ghana, au Nigeria et au Togo. Historiquement, il répond à différentes fonctions et symbolise des liens sociaux et économiques complexes. Dans certains cas, il permet de sceller des pactes entre familles, d’assurer la sécurité financière des femmes, ou de contourner des interdictions sociales comme la polygamie.

Dans la pratique, deux femmes s’unissent par un mariage formel, souvent célébré avec une cérémonie traditionnelle. Elles s’engagent à vivre ensemble et à s’entraider, partageant les responsabilités du foyer et de l’éducation des enfants. L’une des femmes assume généralement un rôle plus dominant, souvent considéré comme le « mari », tandis que l’autre joue un rôle plus subordonné, semblable à une « épouse ».

# Pouvoir et agentivité

Le mariage entre femmes offre une perspective unique sur la notion d’agentivité féminine en Afrique de l’Ouest. Contrairement aux stéréotypes qui limitent les femmes à un rôle passif et subordonné, cette pratique témoigne de leur capacité à s’organiser, à prendre des décisions et à influencer leur destinée. En choisissant de se marier entre elles, les femmes défient les normes patriarcales et s’affranchissent des contraintes imposées par la société.

Ce type d’union permet aux femmes d’accéder à un statut social et économique supérieur. Elles acquièrent une plus grande indépendance financière et échappent à la dépendance d’un mari. De plus, le mariage entre femmes leur donne la possibilité de gérer leur vie sexuelle et reproductive de manière autonome, contournant les attentes sociales et les pressions traditionnelles.

En ce sens, le mariage entre femmes représente une forme d’empowerment et de résistance face aux normes sociales restrictives. Il témoigne de la capacité des femmes à façonner leur propre réalité, à construire des relations égalitaires et à exercer un pouvoir de décision dans leur vie.

# Déclin et controverses

Malgré sa valeur symbolique et ses aspects positifs, le mariage entre femmes est une tradition en déclin. La mondialisation, l’influence des religions monothéistes et l’évolution des mentalités contribuent à son effacement progressif.

Les controverses et stigmatisations persistent autour de cette pratique. Certains y voient une déviation des normes sociales et une menace pour l’ordre patriarcal. Il est important de rappeler que le mariage entre femmes ne représente pas une menace pour la société, mais plutôt une expression diversifiée de la sexualité et des structures familiales.

# Conclusion

Le mariage entre femmes en Afrique de l’Ouest est une pratique fascinante et complexe qui offre une perspective unique sur le pouvoir et l’agentivité des femmes. S’il est en déclin, il laisse un témoignage précieux sur la capacité des femmes à s’affirmer et à contester les normes sociales restrictives.

En comprenant mieux cette tradition, nous pouvons enrichir notre compréhension des structures familiales, des rôles de genre et des expressions diverses de la sexualité et de l’agentivité féminine en Afrique de l’Ouest.

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